Être dans le beau pour soutenir les familles
Pour comprendre la démarche de Virginie Yvon dans le milieu du funéraire et réaliser à quel point elle insiste sur le détail afin que les familles endeuillées trouvent en ces lieux un temps d’apaisement, il faut revenir quelques années en arrière. « Je travaillais alors au sein du groupe Nestlé pour la marque Nespresso. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point le souci du détail est poussé dans la création des boutiques de cette marque ; le détail dans la décoration mais aussi dans la formation des personnels à l’accueil de la clientèle. Partout où je suis passée, j’ai dit à mes équipes de mettre le client au cœur de nos préoccupations. Cette observation, je l’ai faite aussi dans les grands hôtels, remarquant l’objet de déco, la bienveillance du serveur… J’ai moi-même été frappée par la disparition de proches. Et étrangement, dans ce moment-là, j’ai scruté le détail ; celui qui cloche saute aux yeux, immanquablement. J’ai souhaité faire évoluer les choses. Mon métier est d’être au service de familles dans un temps où pour elles tout est noir, sombre, triste. Alors, il faut être bienveillant, empathique, avoir le sourire et offrir du beau ».


Des salons de 35 m²
Sa société vient d’acquérir 1 900 m2 d’un terrain communal proche du crématorium et du cimetière des Poiriers. Le permis de construire, déposé en décembre dernier, est à l’instruction (cinq mois pour les bâtiments recevant du public).
Les familles arriveront au funérarium par un corridor vert, « un jardin zen. Il faut que les gens soufflent, sentent la quiétude. Chacun des lieux que j’ai ouvert est associé à une senteur à un parfum ». En rez-de-chaussée, le bâtiment offrira un accueil général et quatre salons funéraires d’environ 35 m². Dans chacun, un espace dédié au recueillement près du défunt (10 m²) et un véritable salon aménagé avec fauteuils et canapé pour que la famille reçoive ses visiteurs. À l’étage, une salle de convivialité d’environ 90 m², qui peut être divisée en deux, est orientée vers les champs, la nature, dans la perspective de la Mayenne. Une large terrasse jardinée donne toujours cette ambiance reposante. Sans détailler ici, les espaces réservés au personnel et à l’accueil des corps répondent au meilleur de ce qui se fait actuellement.


Madeleine de Proust
« Partout je travaille sur les sens. C’est ma madeleine de Proust. J’associe des images aux parfums, sans doute des souvenirs de mon enfance dans le restaurant de mes parents ». Depuis plus d’un an, Virginie Yvon a cherché un lieu dans l’agglomération angevine. « J’ai visité des locaux déjà existants, mais ça ne me plaisait pas. J’ai dessiné ce projet, je l’ai soumis à un architecte et nous l’avons présenté à Benoît Cochet ». Une création de A à Z qui est attendue. « J’espère lancer les appels d’offres fin mars. J’ai un attachement à ma région natale, j’aurai donc une exigence en ne choisissant que des entreprises locales pour travailler sur ce chantier ».